La HAS ok pour que les pharmaciens vaccinent

Vaccin Covid-19 Astra Zeneca

Feu vert de la HAS pour une injection du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19 par les pharmaciens et les sages-femmes en plus des médecins et infirmiers de ville. Un vaccin réservé aux moins de 65 ans.

Publié le 03 février 2021

La HAS ok pour que les pharmaciens vaccinent

« Astra Zeneca devrait fournir dix millions de doses à la France dans les trois prochains mois. De quoi vacciner 5 millions de personnes » annonce Dominique Le Guludec, présidente de la Haute autorité de santé (HAS).
En raison de sa conservation au réfrigérateur, 48h après la première injection prélevée et jusqu’à 6 mois avant ouverture du flacon de dix doses, la HAS est favorable à l’administration du vaccin par voie IM par les professionnels de santé de ville : pharmaciens, médecins, infirmiers et sages-femmes. « Quel que soit leur lieu d’exercice donc incluant les biologistes médicaux » précise la présidente. La HAS publie son avis sur la place du vaccin AZD1222 d’AstraZeneca dans la stratégie vaccinale.
« Pour simplifier le plus possible l’accès à la vaccination, nous recommandons un élargissement des compétences vaccinales pour certains professionnels de santé. L’objectif est de diversifier le profil des vaccinateurs, d’augmenter leur nombre et multiplier les lieux de vaccination, déclare Dominique Le Guludec. Ainsi, les pharmaciens déjà formés à la vaccination et ayant déclaré une activité de vaccination (dans le cadre de la grippe notamment) doivent pouvoir prescrire et administrer le vaccin Astra Zeneca ». Toutefois les personnes présentant des comorbidités ou dans une situation spécifique (grossesse, allaitement, allergies…) ou ayant déjà été atteints par le Covid-19, doivent consulter leur médecin sur pertinence de la vaccination.
La HAS recommande de proposer ce nouveau vaccin – dont l’efficacité et la tolérance sont satisfaisantes – à l’ensemble des professionnels du secteur de la santé et du médico-social de moins de 65 ans (une population de 3 à 4 millions de soignants), ainsi qu’aux personnes âgées de 50 à 64 ans, en commençant par celles qui présentent des comorbidités (environ 13 millions de personnes dont 4 millions présentent des comorbidités). En effet, les données chez les personnes de plus de 65 ans étant encore insuffisantes, ces dernières sont à vacciner préférentiellement avec un vaccin à ARN messager.
Cette recommandation sera réévaluée à la lumière de la publication d’études complémentaires notamment chez les personnes âgées de 65 ans et plus. « La priorisation d’administration est imposée par la mise à disposition progressive des doses » indique Dominique Le Guludec.
La deuxième dose est à administrer entre 9 et 12 semaines après la première selon la HAS de façon à accroître l’efficacité. « Les données d’efficacité disponibles suggèrent que l’efficacité vaccinale augmente quand le délai entre les deux doses est allongé. Dans tous les cas, l’administration de la deuxième dose du vaccin reste absolument nécessaire » insiste Elisabeth Bouvet, infectiologue et présidente de la Commission technique des vaccinations de la HAS. L’instance souligne que la première et la seconde dose doivent provenir d’un même vaccin puisqu’il n’existe pas, à ce stade, de données sur la possibilité d’interchanger avec un autre vaccin contre le SARS-CoV-2 tels que les vaccins à ARNm. « De plus, il est nécessaire d’espacer de 14 jours minimum la vaccination contre le SARS-CoV2 et celle par un autre type de vaccin (grippe, méningite…) afin de ne pas diminuer la réponse immunitaire induite par la vaccination » souligne Elisabeth Bouvet.
D’autres vaccins contre le Sars-Cov-2 doivent obtenir une AMM dans les prochaines semaines.
Compte tenu des données encore limitées concernant les vaccins sur la transmission du virus SARS-CoV-2, la HAS rappelle qu’il reste nécessaire de maintenir l’ensemble des gestes barrières et des mesures de distanciation physique.
Les modalités de démarrage de la campagne vaccinale en ville, en particulier par les pharmaciens, restent à déterminer avec le Ministère de la santé et l’Assurance maladie.

J. S.

 

Mécanisme d’action

Le vaccin AZD1222 d’AstraZeneca est un vaccin à vecteur viral recombinant. Cette technologie consiste à utiliser un virus non pathogène (ici un virus du singe), modifié afin de l’empêcher de se répliquer. Ensuite est intégrée dans son génome la séquence codant la protéine S (Spike) du SARS-CoV-2, et ce afin d’induire une réponse immunitaire humorale et cellulaire de l’organisme dirigée spécifiquement contre la protéine S, et donc contre le SARS-CoV-2.
Co-développé par l’université d’Oxford et AstraZeneca, ce vaccin est le troisième à avoir obtenu, le 29 janvier 2021, une autorisation de mise sur le marché conditionnelle dans l’Union européenne et il est indiqué dans l’immunisation active contre le Covid-19 causée par le SARS-CoV-2 pour les personnes de plus de 18 ans.
Son efficacité est satisfaisante (entre 62% et 70% selon les études), sa tolérance est très bonne et il se conserve entre 2 et 8 °C, au réfrigérateur.
Faute de données sur la tolérance et sur l’efficacité, l’utilisation du vaccin AZD1222 – comme pour les vaccins de Pfizer/BioNtech et de Moderna – est réservée chez les femmes enceintes uniquement dans les cas où le médecin et la patiente estiment que les bénéfices potentiels semblent l’emporter sur les risques potentiels pour la mère et le fœtus. De même, il n’est pas conseillé de vacciner pendant l’allaitement, ni chez les personnes immunodéprimées et sur les nouveaux variants de SARS-CoV-2.