Le maintien à domicile en pratique

Bien que l’espérance de vie ait augmenté (+ 17 ans depuis 1950), cette avancée met en avant une qualité de vie non proportionnelle révélant ainsi un allongement de la durée de vie avec des handicaps. Dans ce contexte, l’objectif se déplace vers l’enrichissement de la qualité de vie des personnes âgées, plutôt que de se limiter à prolonger leur durée de vie. Cela implique pour les acteurs du secteur de la santé, y compris les pharmaciens d’officine, de personnaliser leurs offres pour répondre aux besoins d’une population de plus en plus vieillissante.

Le MAD en bref

Le Maintien à Domicile (MAD) désigne un ensemble de services et d’interventions destinés à permettre aux individus en diminution d’autonomie de continuer à vivre chez eux. Ce concept englobe diverses prestations, allant du soutien médical, tel que les soins de santé et d’hygiène, à des ajustements techniques de l’habitat pour améliorer l’accessibilité et prévenir les risques d’accidents domestiques, qui sont à l’origine d’environ 9 000 décès annuels chez les personnes âgées. Il inclut également un volet financier, offrant des aides pour couvrir en totalité ou en partie les frais associés aux soins et aménagements nécessaires, ainsi qu’un support administratif pour faciliter l’accès aux différentes aides disponibles. De plus, des services d’aide à domicile, tels que l’assistance ménagère, sont proposés, ce qui revêt une importance capitale, étant donné que 50 % des seniors de plus de 70 ans vivent seuls.

Quelle place a l’officine ?

Malgré le rôle essentiel des pharmaciens dans le MAD, leur contribution reste largement méconnue du public, comme le révèle une enquête de CSA-Forum Santé en 2007, où seulement une moitié des Français reconnaît la compétence et l’engagement des pharmaciens dans ce domaine. Cette situation met en lumière le défi de la reconnaissance de leur légitimité, non seulement auprès du grand public, mais également au sein des instances décisionnelles, soulignant un besoin d’intégration plus marquée dans les politiques de santé relatives au grand âge. En effet, les pharmacies accueillent quotidiennement entre trois et quatre millions de visiteurs, dont une part importante est constituée de personnes âgées, positionnant ainsi les pharmaciens comme des acteurs clés dans l’accompagnement quotidien et le soutien au MAD, soulignant l’urgence de valoriser et d’exploiter pleinement ce potentiel pour améliorer la prise en charge des seniors à domicile.

Le matériel de MAD

Le matériel de MAD comprend toute une gamme de dispositifs médicaux (DM). Un DM est défini légalement comme un produit non humain destiné à des applications médicales, à l’exception des médicaments. Pour gérer la diversité et l’étendue des DM disponibles, une classification en quatre niveaux de risque (I, IIa, IIb, et III) a été établie, bien que la majorité des DM utilisés en MAD appartiennent à la classe I, la moins risquée. Dans le cadre du MAD, les DM se divisent en trois catégories principales pour mieux correspondre aux besoins quotidiens : les aides techniques, les DM de soins, et le matériel divers. Les aides techniques, définies comme tout équipement aidant à compenser les limitations d’activités dues à un handicap, sont cruciales pour accroître l’autonomie et le confort des individus. Le choix de ces aides doit être personnalisé, souvent après un essai, pour s’assurer de leur adéquation avec les besoins et capacités de la personne. Les DM de soins se concentrent sur les produits spécialisés selon la voie d’administration ou la pathologie, tandis que le matériel divers englobe les objets utiles au MAD qui ne tombent pas dans les catégories précédentes, souvent non remboursés mais essentiels pour le confort quotidien. Cette dernière catégorie offre aux pharmaciens l’opportunité de conseiller et de répondre aux demandes spécifiques, renforçant ainsi leur rôle de conseil dans l’amélioration de la qualité de vie des patients à domicile.

Conseiller oui, inciter non

Dans le cadre du MAD, le rôle du pharmacien, guidé par les principes du Code de la santé publique, est d’accompagner le patient en respectant sa volonté et ses droits, sans jamais inciter à la consommation de produits ou services superflus. L’objectif doit rester le bénéfice direct pour le patient, excluant toute autre motivation dans la délivrance de dispositifs médicaux ou de conseils. Cette approche implique un respect absolu de la dignité et des choix du patient, assurant que toutes les actions entreprises sont en harmonie avec ses désirs et en consultation avec l’équipe pluridisciplinaire.

Quels prestataires choisir ?

Les officinaux peuvent grandement bénéficier de la collaboration avec des prestataires spécialisés dans le MAD, qui offrent un catalogue complet de produits et services destinés à la prise en charge médico-technique à domicile. Ces prestataires, comme Orkyn, Oxypharm Astera ou Alcura, proposent une gamme étendue d’équipements, allant du fauteuil roulant électrique aux aides pour la douche, en passant par des dispositifs d’assistance quotidienne comme les pinces de préhension. En outre, la coordination avec ces prestataires pour des services spécialisés – tels que l’oxygénothérapie ou la nutrition entérale – représente certes un investissement en temps, mais les avantages en termes de qualité de service pour le patient et de potentiel de croissance pour l’officine justifient pleinement cet effort.

Le MAD : une opportunité à saisir ?

L’engagement dans le MAD offre une opportunité significative. Les données de la DREES de 2003 montrent la nécessité des aides techniques, révélant que 12 % des 60-74 ans et 43 % des plus de 75 ans utilisent au moins une aide technique, un besoin qui s’étend même à 18 % des personnes âgées autonomes. Selon ABM Pharma, un prestataire de santé à domicile, 35 produits seulement pourraient satisfaire 95 % des besoins de MAD. Si acquérir l’ensemble du matériel n’est pas envisageable en officine, disposer d’un assortiment de base permet de répondre rapidement à certaines demandes et d’intégrer les dispositifs médicaux dans l’offre de conseil de l’officine.